«Nous sommes sereins pour l’hiver prochain»

02/09/2022

Actualité

Guerre en Ukraine, hausse des prix de l’énergie depuis plusieurs mois, appel à la sobriété… Rentrée chargée pour le Groupe qui se trouve au cœur de l’actualité. L’occasion de faire le point avec Catherine MacGregor, pour nous décrypter la situation, expliquer comment le Groupe fait face et quelles sont les perspectives.

CMGQuestion : Gazprom a annoncé le 30 août couper totalement les livraisons de gaz à ENGIE. Catherine, pouvez-vous nous expliquer ce qui s’est passé ? 

CMG : Le scénario de la coupure est une situation à laquelle nous nous préparions. Fin juillet, les volumes délivrés par Gazprom ne représentaient déjà plus que 20 % des volumes habituels livrés.
Depuis le 1er septembre, Gazprom a suspendu la quasi-totalité de ses livraisons. Depuis le début de la guerre en Ukraine, nous faisons valoir nos droits auprès de l’opérateur russe. Contrairement à ce qui a été dit, nous avons bien payé tous les volumes délivrés mais les contrats long terme qui nous lient à Gazprom prévoient des mécanismes de réparation en cas de dommages : concrètement face à la réduction des volumes gaziers fournis récemment, nous avons déduit ces dommages sur la facturation de Gazprom. C’est un différend commercial : Gazprom invoque le cas de force majeure, nous la contestons.

Quel est l’impact pour le Groupe ? Que va-t-il se passer ?

CMG : En fait, ce qu’il faut retenir c’est que nous avons réussi à ce que cela n’ait pas d’impact en termes d’approvisionnement pour le Groupe et pour nos clients, ni en France ni en Europe et cela nous permet d’être sereins pour l’hiver prochain. En France, les stocks de gaz sont remplis à 93 %, nous sommes même en avance par rapport à la normale. La baisse des approvisionnements de l’Europe en gaz russe (35 % avant la crise à 10 % aujourd’hui) a été compensée par des approvisionnements en GNL d’une part, et par une baisse de la demande du secteur industriel liée aux prix élevés du gaz en Europe d’autre part (-15 % au premier semestre 2022). Ces deux leviers ont absorbé cette baisse d’approvisionnement en gaz russe, ce qui nous permet de regarder les prochaines semaines avec sérénité. Cependant, ne perdons pas de vue que le marché reste en forte tension.

Comment expliquez-vous cette situation ? 

CMG : Depuis six mois, nous avions anticipé ce scénario en diversifiant nos sources d’approvisionnement auprès d’autres producteurs comme la Norvège ou les États-Unis et nous avions accéléré le remplissage des stocks. Nos efforts ont payé. Il est beaucoup trop tôt aujourd’hui pour savoir ce qui va se passer après, cela relève de la fiction. Ce qui est important pour nous, c’est de pouvoir dire que nous avons les volumes nécessaires pour passer l’hiver prochain à climat moyen. Et le facteur climatique, il est vrai, sera clé. En parallèle, nous avons accéléré dans les énergies renouvelables de manière significative. Je suis très fière par exemple de pouvoir dire que nous avons signé de très beaux contrats dans l’éolien offshore ces derniers mois qui potentiellement nous rapprochent de nos objectifs dans les ENR.

Finalement la transition énergétique est un formidable tremplin pour le Groupe ?

CMG : Je parlerais même d’une vraie opportunité. Nous sommes aujourd’hui dans une dynamique inédite pour le Groupe. Nous vivons un moment unique : les contextes géostratégique, économique et énergétique forment un alignement d’astres qui propulse ENGIE sur le devant de la scène. ENGIE est au cœur de tous les enjeux stratégiques actuels les plus brûlants : urgence climatique, volatilité des prix, guerre en Ukraine… Ce contexte ne fait que révéler la pertinence de notre stratégie et des choix que nous avons faits il y a 18 mois. Et ce sont les bons ! Notamment notre vision d’un mix équilibré qui joue sur la complémentarité de toutes les énergies : électricité et gaz renouvelables, nucléaire, gaz naturel pour permettre une transition fiable, durable et abordable. Chez ENGIE, la transition énergétique n’est pas juste un concept. C’est une réalité. C’est aussi un énorme challenge, exigeant et passionnant à la fois ! ENGIE c’est vraiment « the place to be » !

La guerre en Ukraine pose la question de la souveraineté de l’Europe sur le gaz au travers de la sécurité d’approvisionnement et du coût de l’énergie.

CMG : Depuis le début de la guerre, nous sommes mobilisés pour assurer la sécurité d’approvisionnement et fournir une énergie la plus abordable possible à nos clients particuliers et entreprises. Nous sommes cependant conscients du choc de prix et de ses effets sur nos clients. En France, nous avons mis en place une aide supplémentaire pour nos clients aux revenus les plus faibles, et créé un fonds de soutien de 60 millions d’euros pour les PME en difficulté. Nous contribuons également aux boucliers tarifaires en Roumanie et au Chili, et proposons des étalements de paiements à nos clients belges et italiens. Nous offrons aussi aux consommateurs des services innovants pour reprendre le contrôle de leurs factures et consommer moins, grâce aux solutions connectées.

En juillet dernier, vous avez appelé dans une tribune avec Jean-Bernard Levy, PDG d’EDF, Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies à la sobriété : pourquoi ?

CMG : Nous devons répondre à cette crise aujourd’hui en agissant aussi sur la demande, c’est d’ailleurs indispensable pour réussir la transition énergétique : la sobriété est l’un des leviers à déployer pour nous permettre de préserver un monde dont les ressources ne sont pas infinies. La transition énergétique ne se résume pas à une réussite technologique, ses dimensions sociétale et humaine en sont la clé. Il faut faire en sorte qu’elle soit choisie et équitable pour tous. Pour bâtir le système énergétique bas carbone de demain, il y a tant de choses à changer.

Quel message souhaiteriez-vous faire passer aux collaborateurs ?

CMG : Nous vivons une période exceptionnelle dans laquelle ENGIE est en première ligne. Nous avons accompli tellement de choses en 18 mois dans la mise en œuvre de notre stratégie (recentrage du Groupe sur nos métiers « cœur », plan de performance, accélération dans les ENR et la décarbonation de nos clients…). Les défis devant nous restent énormes pour faire cette transition. Mais nous pouvons nous appuyer sur des atouts solides, sur nos expertises multiples, et surtout sur l’engagement sans faille des équipes que j’ai pu constater au quotidien ces derniers mois. Je suis vraiment impressionnée par la force de notre collectif. Nous devons maintenant ensemble passer à l’offensive et faire de notre Groupe le champion des énergies zéro carbone.

Équipe Communication Groupe