Le Covid-19 a frappé nos sociétés en exploitant aussi bien nos forces que nos faiblesses. D’un côté, l’interdépendance des économies et la libre circulation des personnes qui ont été des facteurs indéniables de création de richesses et d’intégration deviennent des vecteurs de transmission. De l’autre, la difficulté de nos sociétés à anticiper et à se préparer pour faire face à des chocs exogènes perçus comme lointains ou peu probables apparaît au grand jour de façon tragique.
Nous avons tous été littéralement sidérés tant par l’impact d’un virus signalé pour la première fois il y a moins de 4 mois que par la violence et le caractère inédit des mesures de confinement qu’il a fallu lui opposer dans l’urgence. Si les signaux d’une telle pandémie respiratoire étaient perceptibles, reconnaissons que nous n’avons pas su, collectivement, en prendre la mesure.
Nous devons en tirer quelques leçons et il nous faudra sans nul doute soumettre nos sociétés à des “stress tests”, et établir des scénarios de résistance face à des menaces clairement identifiées comme à celles qui peuvent sembler improbables.
Or, le changement climatique présente à bien des égards des ressemblances avec la crise sanitaire que nous vivons. Il est un événement certain, potentiellement catastrophique, qui exacerbera toutes les faiblesses du monde. Il requiert un haut niveau de coopération internationale, l’appropriation citoyenne des solutions, la capacité d’innovation du secteur privé et des ressources publiques utilisées dans un horizon qui dépasse celui des mandats politiques et des stratégies d’entreprises.
La crise du Covid-19 a montré que dans l’urgence, au-delà sans doute de ce que nous pouvions imaginer, nous étions capables individuellement et collectivement de mettre en place des solutions de rupture en quelques jours : le recours massif au télétravail, les circuits courts alimentaires, l’enseignement à distance, l’entraide et le soutien, et évidemment l’accélération incroyable de la recherche médicale.
Cette crise est une pause forcée dans la course frénétique du monde, elle nous offre de façon inattendue une opportunité d’améliorer notre réponse à la crise climatique d’abord par l’impact immédiat qu’elle aura sur les émissions de gaz à effet de serre, nous laissant un peu plus de temps avant l’épuisement du “budget carbone” de la planète. Mais surtout, après les plans d’urgence, viendra le temps des plans de relance. Ils comprendront à n’en pas douter des investissements publics directs et du soutien à l’investissement des entreprises et ceci de manière massive.
A l’heure où chacun est amené à distinguer ce qui est important de ce qui ne l’est pas, à réfléchir sur le sens de son existence et de sa contribution à la collectivité, les mesures de relance doivent être porteuses de sens, à l’échelle individuelle et collective.
Elles représentent une occasion unique d’accélérer les investissements dans la transition énergétique et climatique, afin d’atteindre la neutralité carbone.
Ce qui apparaissait hier encore comme une vision lointaine et un peu floue peut devenir l’objectif qui nous rassemble au sortir de la crise.
Tirons les leçons de ce que nous traversons ; le monde a besoin d’une vision de long terme sur les sujets structurants : la santé, l’agriculture, l’énergie, l’environnement. Il nous faut accepter de changer nos comportements, en tant que citoyen, consommateur et dans nos entreprises. La rupture majeure que représente cette crise nous rappelle que nos décisions et nos actes aujourd’hui ont le pouvoir de changer le cours de notre histoire.
Durant ces dernières semaines, les acteurs économiques ont démontré une capacité de mobilisation exceptionnelle pour assurer leurs missions d’intérêt général, mais également leur capacité à créer, à inventer, à proposer, à innover. Cette force est au service des décideurs, publics et privés, pour contribuer à dessiner et construire ensemble un avenir beaucoup plus résilient.